Dans le cadre d’un changement sismique dans le paysage italien des communications, le conseil d’administration de Telecom Italia a donné son feu vert à une acquisition de 18,8 milliards d’euros (20,2 milliards de dollars) par KKR, signalant une démarche audacieuse de la société d’investissement dans les infrastructures européennes dans un contexte de tumulte financier pour l’opérateur de télécommunications historique. Aux prises avec une dette nette colossale qui a gonflé de 800 millions d’euros (860 millions de dollars) depuis juin dernier et confronté à une forte baisse de l’EBITDA sur quatre ans, Telecom Italia a décidé de réduire ses dettes financières grâce à cet accord historique.
L’accord avec KKR devrait rationaliser les opérations de Telecom Italia, permettant à l’entreprise de se concentrer sur l’expansion de ses réseaux mobiles et la commercialisation de services fixes utilisant les plates-formes de KKR. Malgré une baisse des actions suite à l’annonce, Telecom Italia reste optimiste, positionnant la cession comme une libération stratégique d’actifs pour renforcer son «plan de déstratification», visant à une stature plus légère et plus compétitive dans le secteur des télécommunications.
Cette transaction n’est cependant pas sans conséquences politiques. Le transfert d’infrastructures italiennes essentielles entre les mains des Américains a suscité un débat, mais la Première ministre italienne Giorgia Meloni a approuvé cette décision. En outre, son administration a réservé jusqu’à 2,2 milliards d’euros (2,4 milliards de dollars) à la Cassa Depositi e Prestiti (CDP) pour garantir une participation dans la nouvelle entreprise américaine.
Pourtant, l’intrigue s’épaissit alors que Vivendi, un actionnaire majeur de Telecom Italia, s’oppose avec véhémence à la décision unilatérale du conseil d’administration. Affirmant que l’opération porte atteinte aux droits des actionnaires, Vivendi s’engage à déclencher une contre-offensive juridique pour annuler le verdict du conseil d’administration. Ce drame en cours fait non seulement de Telecom Italia un baromètre potentiel pour les principales entreprises de télécommunications européennes, mais souligne également la danse complexe entre les manœuvres des entreprises et les intérêts nationaux dans le théâtre économique changeant du continent.